Les 10 premières années à Vienne.
Le Testament de Heiligenstadt.
La lettre à l'immortelle bien-aimée.
A l'âge de trente ans, Beethoven
connaît déjà de grands succès, tant comme
compositeur que comme pianiste. Homme d'affaire subtil et
célibataire, il subvient à ses besoins beaucoup plus
facilement que Mozart.
Le malheur qui le frappe alors n'en est que plus dur à
supporter.
En 1798, il avait déjà remarqué un
affaiblissement intermittent de son ouïe ; deux ans plus tard,
sont inquiétude s'accroît ; il consulte un
médecin et, en 1802, il sait qu'un jour, il sera
complètement sourd.
Dans un premier temps, les symptômes
physiques ne l'empêchent pas de jouer. Il faudra une dizaine
d'années avant que son ouïe ne se détériore
au point de l'empêcher de se produire en public.
Mais Beethoven ressent un choc psychologique profond, et dans un
étrange document écrit à Heiligenstadt, un petit
village proche de Vienne, il se plaint de "la faiblesse d'un sens qui chez lui devrait
être infiniment plus développé que chez les
autres".
Cette infirmité l'emmène
à se retirer de la société qu'il avait tant
appréciée.
Dans son " testament ", adressé à ses frères, il
parle de ses idées de suicide, de sa dévotion à
son art et de sa volonté de laisser le destin suivre son
cours.
Le testament de Heiligenstadt, est un document mélodramatique dans lequel Beethoven joue lui-même le rôle du héros d'un drame romantique, luttant contre un force supérieure qui finira par l'écraser.
Cet état d'âme torturé
revêt une expression encore plus convainquante dans la
Symphonie n°3 (l'Héroïque), dédiée
à l'origine à Napoléon (alors premier consul) et
inspirée tout autant que lui par l'incarnation
héroïque antimonarchiste.
Mais une fois l'oeuvre terminée, Beethoven découvre que
le premier consul s'est lui-même fait couronner empereur.
Furieux, il modifie la dédicace " à la mémoire
d'un grand homme ".
Cette symphonie reste néanmoins un hommage au héros
vainqueur des inégalités. L'influence de la musique
révolutionnaire Française apparaît clairement
dans l'écriture des instruments à vents (les
autorités Parisiennes aimaient les concerts en plein air
donnés par des orchestres d'harmonie), les échos de
cérémonials militaires, la marche funèbre
(surtout en raison de ses dimensions) et la conclusion triomphale.
Sur le plan formel, cette symphonie marque un grand pas en avant ; le
traitement thématique tel que le traitait Haydn est
considérablement élargi, donnant à l'ensemble du
mouvement une dimension inconnue.
Ceci explique les nouvelles dimensions que prendront ses oeuvres suivantes ainsi que celles de ses imitateurs.
Les années qui suivent la Symphonie
Héroïque sont fécondes.
Beethoven a virtuellement renoncé aux concerts et il est fier
de pouvoir enfin vivre décemment des seuls revenus de ses
oeuvres. En outre, quelques nobles lui assurent une certaine
stabilité financière qui n'allait alors
généralement de pair qu'avec une fonction permanente
comme celle de Kapellmeinster ; cette subvention lui permet de
refuser un tel poste que lui offrait la petite cours de
Kassel.
Le caractère héroïque domine alors de nombreuses oeuvres qu'il compose alors : la Symphonie n°5 (1807-08) les Concertos pour piano 4 et 5 (l'Empereur 1804-05), des ouvertures comme Corolian (1807) ou Egmont (1809-10) et surtout sont opéra Fidelio (qui connaît deux versions consécutives, en 1805 et 1806 avant que Beethoven ne parvienne à une forme vraiment satisfaisante en 1814).
Un fois surmonté le choc initial de la surdité, Beethoven dépasse sur le plan émotionnel, le domaine de l'héroïsme politique et personnel.
La Symphonie N°6 (Pastorale) exprime
son amour romantique de la nature et il est intéressant de
remarquer qu'elle décrit davantage une campagne apaisante que
les montagnes imposantes de Wordsworth ou de Byron.
Dans de nombreuses oeuvres, les mouvements lents sont empreints de
simplicité et de calme alors que les scherzos
délibérément rudes, comportent de brusques
changements de dynamique est des anacrouses qui en rendent
l'exécution difficile. Les finales sont
généralement développés et humoristiques,
rappelant parfois Haydn (Symphonie n°4). Souvent plus subtils,
leur effet dépend beaucoup de la capacité de l'auditeur
à en comprendre les principes formels.
Dans certaines oeuvres le coté triomphale se transforme en une
splendide énergie (finale que Quatuor n°3 op. 59). La
principale préoccupation de Beethoven n'est plus le combat :
sa musique reflète souvent la sérénité et
un consentement presque fataliste.